mardi 27 août 2013

Simple (épisode 2)

Il y a quelques mois, j'ai écrit quelques lignes sur la simplicité en matière de logiciel : Simple : le premier épisode, dans lequel je m'interrogeais alors sur les raisons qui nous poussent à faire plus compliqué que nécessaire.

Mais essayons désormais de voir comment "faire simple".

Lisez "Simplicité et complexité", de Marc Halévy. Quelques extraits (mais lisez l'article en entier !) :

- "Assumer - et magnifier - intégralement la complexité du réel dans la simplicité de l'acte" 
- "Simple ? Minimal. Econome. Frugal. Non pas faire le plus, mais faire le mieux (complexité) avec le moins (simplicité)."
- "Simplicité. Processus intégratif et non pas concaténation additive"

Intégrer et non pas ajouter. Le secret de la simplicité semble être là.

Un produit ne doit pas être une addition, un empilement de fonctionnalités qui utilisées conjointement permettent (ou espèrent permettre) à son utilisateur de réaliser ce qu'il veut faire. Mais le produit doit avoir intégré la compréhension de cette tâche.

Si je crée un produit ayant les fonctions suivantes :
- orienter une roue
- faire tourner une roue à l'aide de pédales
- permettre de s'asseoir
- avertir à l'aide d'une sonnette
ça n'en fait pas pour autant un vélo...  (et pour peu que l'accent ait été mis sur "avertir à l'aide d'une sonnette", on est loin du compte).

Créer un vélo nécessite la compréhension de ce qu'est l'activité. Comme le dit très bien Marc Halévy, on ne peut pas apprendre à faire du vélo sans... en faire :
"La complexité/simplicité, c'est comme l'art de rouler à vélo. Lorsqu'on sait, c'est facile. Mais c'est extrêmement compliqué - voire impossible - à exprimer. On n'apprend pas à rouler à vélo dans les livres, mais bien dans le vécu, dans l'expérientiel. On peut décrire ou expliquer le roulage à vélo, sans savoir soi-même rouler, et ce sera très compliqué. Mais rouler vraiment à vélo, comprendre réellement le roulage à vélo, passent nécessairement par la complexité/simplicité de l'apprentissage direct, par soi-même, au-delà des échecs, des chutes et de éraflures."

Vous ne pouvez donc pas réaliser un produit (simple a fortiori) sans comprendre profondément (ressentir, expérimenter, vivre !) ce que l'utilisateur veut faire avec. Comment ? En s'asseyant à coté de lui, par exemple.
Et préparez vous à ne pas y arriver du premier coup.