mardi 9 août 2011

L'école-usine

Après l'école... et quelques règles pédagogiques d'actualité, je vous parle encore un peu de l'école.
Ou plutôt c'est (encore) Seth Godin, dans "Permission marketing" cette fois :

"D'une génération à l'autre, l'école primaire a toujours été le miroir de notre société. Il y a deux cents ans, la population non agricole était constituée essentiellement d'artisans. Ils avaient peu d'appareils mécaniques à leur disposition, ne travaillaient que sur quelques objets à la fois et sortaient des produits non standardisés et de grande qualité.

L'école d'alors correspondait assez bien à cette image. Le petit bâtiment à classe unique était le domaine particulier d'un seul être de talent. Sa mission consistait à travailler individuellement avec chaque enfant et, au bout de quelques années, à produire des élèves qui avaient acquis des connaissances réelles.
A partir de la révolution industrielle, ce fut désormais l'usine qui marqua le mode de travail, et cette transformation s'insinua même dans l'idée que l'on se faisait de l'école. Au lieu de confier à un seul individu la tâche de former un nombre restreint d'enfants, on s'est mis à construire des écoles-usines. Aujourd'hui, les différentes salles évoquent autant d'ateliers d'un grand établissement industriel, avec des pupitres disposés en rang. Le maître ou la maîtresse enseigne à partir d'un programme standard : à la place de l'artisan chevronné d'autrefois, on trouve un salarié engagé pour sa capacité à appliquer les consignes. Et à la fin de chaque année, les enfants passent au poste suivant sur la chaîne de montage.

Les élèves qui ne ressemblent pas parfaitement aux autres "pièces" du même lot sont acheminées vers de filières spécialisées. Ceux qui ne répondent pas aux normes édictées par le service centralisé de gestion de la qualité sont sanctionnés, "réparés" ou rejetés."





Les dessins sont de Ken Robinson.




7 commentaires:

  1. J'ai entendu beaucoup de bien sur l'école Steiner qui est dans le même esprit des écoles Montessori et Freinet.

    http://www.steiner-waldorf.org/index.html

    Vous connaissez ?

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  2. Merci Frédérique. Voir notamment ce document sur le devenir des anciens élèves

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  3. c'est pour cela que je me plaisais tant avec les eleves handicapes car pas de programmes!j'avais essaye la methode PMEV (pedagogie de maitrise a effet vicariant,cf www.pmev.fr)c'est adaptable dans une seule classe contrairement a freinet qui requiert toute l'ecole.

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  4. C'est vrai qu'en tant que maman, la classe unique m'aurait bien arrangé...
    ça paraît même assez évident, comme modèle. Tant pour les enfants qui peuvent "prendre leur temps" sans avoir l'impression d'être en échec, que pour ceux qui veulent aller plus vite. ça paraît même bizarre de classer les enfants par âge. N'importe quel parent qui a plusieurs enfants s'en rend compte tous les jours.
    Et pourtant, de classes uniques, il n'y en a guère que dans les campagnes, et juste parce qu'il n'y a pas le choix, pas parce que c'est bien.

    Seth Godin nous donnerait là l'explication de ce phénomène étrange ? Des écoles gérées comme des usines, nos enfants en étant le produit ?

    Il y a un problème en tout cas, avec l'école. Tout le monde se plaint. Les parents, les élèves, les instits, les profs. Personne n'est heureux. Peut-être que l'explication est là, toute bête : l'humain a perdu sa place dans ce qui est devenu un système ?

    Comme chez France Telecom et ailleurs, finalement.

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  5. Extrait de Vous devez penser autrement :
    Faire apprendre a toujours été une tâche complexe. Il allait de soit qu’anciennement les pratiques étaient basées sur des croyances plutôt que sur des connaissances scientifiques. Même aujourd’hui, où la science a fait augmenter de façon très importante l’éducation, les croyances sont encore tenaces. Des croyances, par exemple, qui portent à croire qu’un élève docile est un bon élève, que la discipline est garante du respect, qu’il est nécessaire que le professeur énonce les savoirs pour qu’ils puissent être appris, qu’un élève qui écoute est en train d’apprendre, que les notes sont nécessaires pour motiver les élèves, que sans les notes il n’est plus possible de contrôler la classe, que les professeurs sévères sont les meilleurs, etc.

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  6. Allez, encore un extrait, cette fois de Comment empêcher les enfants d'apprendre à lire :
    C. Freinet disait que pour apprendre à rouler à vélo, il ne faut pas de démonter, le dessiner, apprendre le nom de chaque pièce même celles aussi petites que des lettres, écouter et répéter, dénommer les pièces… il faut monter et rouler, avec un accompagnateur patient, vite dépassé par la vitesse et l’envie de l’apprenti alors que le maître s’essouffle, comme celui qui est consciencieusement à la page 14 du manuel alors que des enfants en cachette s’en vont voler les mystères de la page 28, 30, voire plus loin encore.

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