lundi 29 août 2011

Partage d'informations : danger !


Voltaire (il y a donc pas mal de temps), nous avertissait déjà dans ce texte : "de l'horrible danger de la lecture".

Partager ses connaissances et les informations que l'on a, c'est dangereux... pour ceux qui tirent du pouvoir :
- soit du fait que certaines informations restent cachées (les malhonnêtes qui veulent cacher leurs méfaits)
- soit du fait qu'ils sont les seuls à disposer de ce savoir et qu'ils peuvent ainsi le monnayer

Cela est valable partout : dans une entreprise, une association, un pays, etc.

L'invention de l'écriture a été considérée comme très dangereuse et il en est de même pour internet. Pensez-vous ! Des informations fournies par on ne sait qui, diffusées à tout le monde. "Mais mon bon monsieur, la plupart des gens sont incapables d'interpréter correctement ce qu'ils lisent ! Il faut que quelqu'un leur explique tout ça et fasse un peu de tri là-dedans, sinon où va t-on ?"

En d'autres termes : les gens sont stupides et il faut contrôler ce qu'on leur dit.

Dans une entreprise, il faut garder secret les salaires et les prix de vente, par exemple. Pourquoi, au fait ? Il y a des méfaits à cacher ? Non ? Alors c'est sûrement parce que les salariés sont trop bêtes et ne peuvent pas comprendre pourquoi untel est mieux payé qu'un autre ou pourquoi leur travail est vendu au client à un prix très différent de ce qui va leur revenir en fin de mois.

Quand vous proposez de rendre visible une information et que certains vous disent que c'est dangereux, essayez de comprendre leurs motivations (malhonnêteté, intérêt ou mépris ?). Et continuez, vous êtes probablement sur la bonne voie !


mardi 9 août 2011

L'école-usine

Après l'école... et quelques règles pédagogiques d'actualité, je vous parle encore un peu de l'école.
Ou plutôt c'est (encore) Seth Godin, dans "Permission marketing" cette fois :

"D'une génération à l'autre, l'école primaire a toujours été le miroir de notre société. Il y a deux cents ans, la population non agricole était constituée essentiellement d'artisans. Ils avaient peu d'appareils mécaniques à leur disposition, ne travaillaient que sur quelques objets à la fois et sortaient des produits non standardisés et de grande qualité.

L'école d'alors correspondait assez bien à cette image. Le petit bâtiment à classe unique était le domaine particulier d'un seul être de talent. Sa mission consistait à travailler individuellement avec chaque enfant et, au bout de quelques années, à produire des élèves qui avaient acquis des connaissances réelles.
A partir de la révolution industrielle, ce fut désormais l'usine qui marqua le mode de travail, et cette transformation s'insinua même dans l'idée que l'on se faisait de l'école. Au lieu de confier à un seul individu la tâche de former un nombre restreint d'enfants, on s'est mis à construire des écoles-usines. Aujourd'hui, les différentes salles évoquent autant d'ateliers d'un grand établissement industriel, avec des pupitres disposés en rang. Le maître ou la maîtresse enseigne à partir d'un programme standard : à la place de l'artisan chevronné d'autrefois, on trouve un salarié engagé pour sa capacité à appliquer les consignes. Et à la fin de chaque année, les enfants passent au poste suivant sur la chaîne de montage.

Les élèves qui ne ressemblent pas parfaitement aux autres "pièces" du même lot sont acheminées vers de filières spécialisées. Ceux qui ne répondent pas aux normes édictées par le service centralisé de gestion de la qualité sont sanctionnés, "réparés" ou rejetés."





Les dessins sont de Ken Robinson.




mercredi 3 août 2011

Le droit à l'erreur, ça ne suffit pas

Dans certaines entreprises, celui qui fait des erreurs est réprimandé, blâmé. Dans d’autres on donne le droit à l’erreur.
Mais trop souvent, ce droit donné n’est qu’un leurre. Le jour où vous allez vous tromper - et il arrivera tôt ou tard - on vous le dira, gentiment, peut-être, mais avec deux sous-entendus :
     1) que cela ne se reproduise pas
     2) vous êtes nul

Et on n’oubliera pas de citer ce faux pas lors du prochain entretien individuel.

Ce n’est pas cela, donner le droit à l’erreur.




Permettre à chacun de se tromper, c’est encourager les expérimentations, pousser à se lancer, à essayer de nouvelles voies. Et accepter comme un fait normal que ça ne fonctionne pas. Quand on se trompe, on apprend. Les skieurs le savent : un skieur qui ne tombe pas est un skieur qui ne progresse pas. Pour apprendre, pour aller plus loin, il faut jouer avec ses limites et passer du mauvais coté parfois.

Bien sûr, il y a des risques. Certaines erreurs peuvent être fatales. Il faut accepter la présence du risque. Ou ne rien faire.

Si vous entendez cette phrase, cette fameuse phrase : “sur ce projet, nous n’avons pas droit à l’erreur”, fuyez. Le risque zéro n’existe pas.

Les skieurs-alpinistes prennent toutes les précautions : ils se forment et s’informent sur les conditions nivologiques, s’équipent, progressent espacés, développent leur intuition, suivent les progrès de la nivologie. Au final, il y a des guides de haute montagne - des professionnels - emportés par des avalanches. Si vous faites du ski-alpinisme, vous pouvez mourir sous une avalanche. Il faut accepter ce risque ou ne pas y aller.

C’est exactement la même chose sur un projet - avec des conséquences moins graves - il faut accepter le risque ou rester assis dans son canapé. 

Si vous voulez progresser, faites des choses, trompez-vous, apprenez, recommencez.

Naturellement et culturellement - merci l’école - nous sommes timorés et nous avons peur de faire des erreurs. Nous avons besoin d’être encouragés, poussés à nous lancer. Pas d’être blâmés quand nous avons enfin osé et que - malchance ou inexpérience - nous nous sommes fourvoyés.

Plutôt que de parler de droit à l’erreur, parlons du devoir d’essayer !